CHAPITRE V: MA HANTISE



Ailleurs sur la même planète.
Nina ne me lâche pas d'une semelle, mais je la comprends.
 Elle a promis de veiller sur moi et elle n'a que moi. Elle est dans l'incapacité d'avoir des enfants et n'a pas d'époux. Elle joue bien son rôle de mère et j'essaie de lui faciliter la tâche. Au lycée, elle est différente, sévère et réservée, mais à la maison c'est une vraie mère poule et un moulin à parole. Que ferais-je sans elle?

 Pourtant depuis l'arrivée fictive de mon inconnu virtuel, je m'émancipe peu à peu et je me confie de moins en moins à ma tutrice. J'ai l'impression d'être connecté à lui plus qu'à quiconque. Je pense...que je l'aime...n'importe quoi...je suis ridicule. Je suis une adolescente pleine de vie, plutôt mignonne, et pour les garçons mon métissage est un véritable atout. Certains m'intéressent bien, mais pas tant que ça. Le physique c'est excitant, l'intellect encore plus, mais il manque un petit truc. Ce truc qu'il a...peut être. J'aimerais bien qu'il soit là.


J'ai du mal à m'endormir. Je me suis empiffrée de tarte au citron et maintenant je contemple malgré moi le plafond. Je dois m'occuper l'esprit,  je deviens dingue sinon.  Bien sûr... SIA. Sa musique m'apaise. ##I go to sleep and imagine that you're here, with me....##(mélodie)
  Que fait-il?  Fait-il jour ou nuit là où il vit? Aime t- il écouter Sia ou plutôt Lana Del Rey? Est-ce qu'il aime la tarte au citron ? Que je suis ridicule ! 

 Il ne sait même pas que j'existe.  Est-il seulement réel ? Il me manque comme s'il l'était.  Comme si je l'avais toujours connu. Zut,  j'ai oublié de rédiger mon discours pour demain. Il faut croire que la tarte au citron me fait perdre la tête. Je préside le club de théâtre et demain nous ferons une représentation à l'amphithéâtre de notre lycée. Un jubilé d'or mérite un thème des plus épiques. J'ai opté pour "le sexisme en milieu scolaire". Ces petits gestes apparemment anodins qui blessent tant, et que dire de ces propos déplacés? On se fait du mal les uns aux autres sans le savoir et le pire est qu'on féminise le sexisme. Allez ! Au boulot ! Il faudra être parfaite demain.  
 
Sauf que, je n'ai pas la tête à ce discours.  Il me manque. Je le veux, là, maintenant. C'est dur de vivre avec ce secret. C'est dur de réaliser qu'il ne s'agit que d'un mirage. Qu'est ce que je dois faire ? Prier peut être. Que dois-je donc dire au bon Dieu?  Je ne contrôle plus rien et pour une maniaque du contrôle,  c'est une véritable torture. Vide. Voilà comment je me sens. Il faut que j'en parle à quelqu'un. Mais à qui?  J'ai peu d'amis et aucun à qui je pourrais me confier. Je ne peux en parler à Nina non plus.  Je suis toute seule en réalité. Alors pourquoi ai-je l'impression que ce n'est pas le cas?  Il connaît mon conflit intérieur et il me comprend. C'est ce que je ressens. J'en suis presque convaincue. 

Commentaires

Articles les plus consultés