CHAPITRE 10: LA SOEUR DU FILS PRODIGUE


Contrairement à mon père, ma mère semble indifférente à ma personne. Elle ne se rend peut être pas compte qu’elle m’a perdue pour de bon. 
Elle est toujours aussi douée quand il s’agit de fausses promesses, de me négliger et de m’ignorer royalement. Je me rappelle encore ses paroles et ce sourire en coin qu’elle abordait lorsqu’elle m’a déclaré, alors que je la revoyais six ans après notre dernière rencontre, que c’est son premier fils (mon demi-frère) qui tenait le plus d’elle. J’ai été blessé à l’époque parce que je m’évertuais à l’impressionner, à lui ressembler, et pour l’enfant que j’étais cela signifiait que c’était lui son préféré. Quel enfant aimerait ça ?

 A présent j’en ris parce que ce fils plus âgé que moi de cinq ans est désormais son plus grand cauchemar. Ma grande mère maternelle ne cesse de clamer haut et fort à quel point elle souhaite la disparition de ce garçon et elle m’a confié qu’elle l’aurait sans doute empoisonné si elle n’était pas chrétienne. Il faut croire qu’en important le christianisme, le colon a sauvé la vie de mon frère. 

Du vol aux scandales en passant par l’escroquerie, il a fait de sa mère une victime de choix. J’ai peut être l’air de m’en réjouir mais c’est parce que je ne vois aucune raison de m’apitoyer sur son sort. Quoi !? J’ai le droit d’être un tout petit peu machiavélique non ?

 Mon demi- frère, ma mère et moi peignons bien le tableau de l’évangile selon saint Luc où celui-ci relate la fameuse parabole de l’enfant prodigue. Sauf que je suis la sœur jalouse et non le frère jaloux, mon frère est l’ainé et  non le cadet, on a une mère au lieu d’un père et enfin  mon frère est particulièrement prodigue plusieurs fois par an. 

 J’ai  d’ailleurs décidé de prendre du recul avec certains membres de ma famille. En fait, je compte bien me constituer une famille à moi, qui ne sera composée que de ceux qui me sont chers et qui tiennent à moi. Il y a trop de personnes aux comportements douteux dans celle qui m’est imposée. Je pense que même si on ne choisit pas la famille dans laquelle on nait, on est libre de se créer sa propre famille, celle qui nous aimera et qu’on aimera en retour.

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