CHAPITRE VII: IL FAUT EN PARLER

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Ici, le sexisme règne en maitre. Ils rigolent tous lorsqu’une métaphore sexiste est faite. C’est « normal », ça a toujours été ainsi. « comme une femme » est toujours précédée de propos dénigrants ou vilipendants et « comme un homme », de propos mélioratifs. Vous entendrez dire « ce n’est qu’une femme » et vous aurez l’impression d’être insignifiante.


 Aller à l’école n’est plus un acte d’accomplissement personnel, mais juste une  valeur ajoutée : « il faut aller à l’école pour trouver un bon mari » ; « ton époux te respectera si tu fais de grandes études ».  Dans le taxi, dans la rue, au boulot, à l’école et à la maison, « la femme » (comme si il n’y en avait qu’une), est le topic parfait pour « plaisanter » et voir d’autres femmes en rire me brise le cœur. « tu ne dois ni faire ci, ni faire ça », « tu ne dois ni manger ci, ni boire ça », pourquoi donc ? «  Parce que tu es une femme ». C’est ridicule. 

Le sexisme n’est pas que féminin, mais il l’est surtout. La gent masculine en est également victime. Le machisme  domine et « un homme » (comme si il n’y en avait qu’un) doit être «  fort  », « autoritaire », « puissant »…bref, stéréotypé. Tout le monde essaye de se conformer aux différents clichés imposés par la société.


Personnellement, j’agis en pensant d’abord comme un être humain, parce que c’est ce que je suis, et ensuite comme Jessica VEIL-MAYER, la fille. Chaque femme est unique et différente des autres, idem pour les autres, c’est insensé de généraliser. En tout cas j’ai eu l’occasion de pousser mon cri de cœur à l’occasion du jubilé d’or. 


Vous vous souvenez n’est-ce pas ? Mon fameux discours. Je ne sais pas si ce discours changera quoi que soit mais la troupe théâtrale et moi-même avons eu droit à une standing-ovation. Le spectacle fut une réussite mais j’espère surtout que le message est passé.
Je suis épuisée. Je vais me détendre en espérant le passage du marchand de sable.
Du sable, du soleil, des eaux turquoises, des cocotiers, un piroguier (et sa pirogue évidemment), un griot et sa kora (j’aime les contrastes), un cahier, un stylo, l’horizon, et moi les cheveux au vent vêtue d’une combinaison courte arc en ciel. Le griot, de sa mélodieuse voix, chante les exploits de nos ancêtres, le piroguier rame en douceur sur l’eau scintillante. Assise entre les deux, j’écris. J’écris l’amour, la beauté et la vie. Le frémissement de l’eau, le son de la kora et le murmure du vent forment une symphonie exquise qui me berce. Tendrement, je m’endors…au creux de la pirogue…au pied du griot…un oiseau…une licorne…Leonardo DICAPRIO….zzzz zzzz.


J’entends deux coups secs sur du bois…mais non, ce n’est pas ce que je crois…ce n’est surement qu’un bout de cauchemar.
 

- Jessica !!! Debout !!! il est six heures de l’après-midi.
- Nonnnn !
- Allez !!!
- J’ai encore sommeil…
- Tu dormiras pendant la nuit ma chérie…viens là

Nina me sert dans ses bras maternels et me câline. Ces petits moments de bonheur me sont les plus chers.


 - Je suis fière de toi ma chérie. Hier, tu étais fabuleuse. Tu étais si passionnée, si forte, si confiante. Tu ressembles de plus en à Veronica (ma défunte mère)…je t’aime.
- Moi aussi, je t’aime Nina.

Je me réveille définitivement sous cette avalanche de sentiments.


- Allez, viens manger.


Un beau plat de salade de choux au thon m’attendait. Je le dégustai avec appétit. Je sentais le regard bienveillant de Nina posé sur moi. Je levai la tête et ce fut le cas.


- Tu as…quelque chose à me dire… ?
- Non…est ce que tu aurais quelque chose à me dire ? Je te trouve changée…parles moi.

Comment résister à ce timbre maternel ? C’est décidé. Je lui avoue tout ce soir.

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