CHAPITRE I : MOI, Disc Jockey.

« T’attendre … encore … et encore. A chaque réveil, je me demande ce que tu feras de ta journée et le soir, j’espère que tu as passée une bonne journée (sans moi). Mon secret, s’il est découvert, pourrait me conduire en asile, tu sais. Il y a largement de quoi me traiter de fou. J’ignore qui tu es, où  tu vis et ce que tu fais à cet instant T, mais je ressens ta lointaine présence. Je saurai pourtant te décrire comme si je t’ai toujours connu, et si je le pouvais, je hurlerai de toutes mes forces mon désir de te voir. Mais je suis là, réduit à attendre… encore … et encore. »
- Christopher…Christopher !!
- … oui…oui
- La scène est à toi dans dix petites minutes… tu veux bien sortir de ta loge ? dis moi, tu rêvasses là dedans ou quoi !!?
- Quoi? Les stars n’ont-ils pas le droit de rêver ? Nous sommes à DREAMLAND, rêver c’est justement le but de ce festival. Tu ne crois pas?
- Pas vraiment, non. A DREAMLAND, le public vient acheter le rêve que vous les stars leur vendez. Tu  vas donc sortir tes fesses de stars de cette maudite cabine et aller combler cette foule de dingues qui scande ton nom.                                                         
D’un calme naturel et rassurant, je m’adresse à mon manager :
- Ne t’inquiète pas Billy, ma routine pré-spectacle à juste durée un peu plus longtemps que d’habitude, je vais bien.                                                                                                       
J’inspire un bon coup les yeux fermés, puis  j’expire lentement en ouvrant progressivement mes yeux.
Ma maquilleuse Magui me fait un compliment sur la beauté de mon iris qui est d’un bleu caeruleum, mais je m’émeus à peine. Billy comprend à  ce moment précis, qu’il n’est plus en face de Christopher TALL, mais de CRYSTAL, l’un des Disc Jockeys les plus en vues du moment, voire  le plus adulé, en toute modestie.
Un T-shirt en coton pur, un jean ce qu’il y a de plus simple et mes accessoires favoris, ma casquette retournée et la symétrie de mon visage. On dit que je suis d’une simplicité époustouflante en dépit de ma fortune. La vérité est que j’ai tellement confiance en moi que je ne me sens pas obligé d’en faire trop.
 Flash lights, feux d’artifices, la scène était idyllique. Billy a tort. Monter sur scène est à chaque fois un rêve qui se rematérialise pour moi, c’est comme si j’étais en transe au même rythme que mon public. C‘est une sensation unique et difficile à décrire.
On annonce ma montée sur scène, et la foule d'Ibiza s'exalte et se met à crier tout le désir qu'elle a de s'extasier au son de ma tropical house. Je ne me fais pas prier. Je bondis sur la scène tel un loup et allume encore plus la foule toute excitée. C’est mon job. Entre «stay for you » et « This city », une dizaine de chansons furent mixées, des fans s'évanouirent, certains s'embrassèrent et d'autres passionnés vécurent en symbiose tout le spectacle avec moi.
Le rêve a semblé court pour le DJ que je suis, mais pas tout à fait pour la foule qui s'apprête à accueillir le DJ suivant. Les crystalins et crystalines (c’est comme ça que les médias nomment mes fans) eux, aimeraient bien avoir leur DJ préféré pour toute la durée de DREAMLAND mais ils savent bien que ce n'est qu'un fantasme.

Commentaires

Articles les plus consultés