CHAPITRE 16: ILLUMINEE






Me revoici, sobre et illuminée. Je me rappelle mon nom: Melissa LOW. Je crois que cette nuit, tout est devenu plus clair dans ma tête.
Je crois enfin comprendre le chagrin passé de ma mère.

Le mariage de mes parents n’était pas la conséquence de l’amour. Du moins, pas en ce qui concerne ma mère. Elle ne voulait qu’un foyer et sans aucun doute, faire plaisir à sa famille. J’ai entendu dire que mon grand-père maternel (paix à son âme) aimait bien papa. Qui ne l’aimerait pas ? Il est travailleur, courageux, fort et surtout humble. D’un autre côté, mon grand père aimait énormément sa fille. Je ne vais donc pas vous faire un dessin sur ce qui à pu se produire, si vous connaissez l’Afrique, vous comprendrez.

 Toutefois, l’amour, si égoïste, a tendance à n’accorder le bonheur qu’à ceux qu’il réuni, et ce n’était pas le cas de mes géniteurs.
 La gestation fut pénible pour ma mère, émotionnellement parlant. La faute à mon père, selon les dires. Sa préoccupation ? Le bébé, pas la mère. Il n’a jamais été sentimental mon paternel. Il est le parfait cliché des hommes de chez moi, les hommes du nord. De puissants chefs de familles mais généralement de piètres maris. 
Après ma naissance, l’état de leur mariage ne faisait qu’empirer. D’un côté, ma malheureuse mère qui se refugiait chez sa mère pour respirer loin d’un mariage étouffant et de l’autre, mon malheureux paternel qui se retrouvait seul, incompris et sans compagne.
 Aucun d’entre eux ne voulais tourner le dos le premier. Qui allait craquer ? Vous avez deviné ? Papa bien sûr. Cependant, il a craqué de la pire des manières ou peut être de la plus commune des manières. Et oui, il s’est refugié dans les bras d’une autre. Elle était du nord, elle le comprenait et elle était toujours là. Elle prenait soin de lui lorsque la dame de la maison s’enfuyait et elle n’avait pas peur de cet homme froid. La vérité est qu’il ne l’était pas avec elle, il était un peu plus romantique selon les photos. Il lui a passé la bague au doigt officiellement, pas officieusement comme pour ma mère. Trois somptueuses cérémonies de mariage : traditionnel, civil et chrétien. Le pire est que tout le monde le savait. Tout le monde excepté ma mère. 

Le jour j, ma grande mère maternelle à eu vent de la trahison. Furieuse, elle a débarqué dans la salle de réception avec de l’huile de palme destiné à arroser la mariée. Elle le fit, mais elle ne s’en est pas contenté. Elle a maudit le mariage, puis maudit l’utérus de la femme qui a brisé le cœur d’une autre femme qui venait de donner naissance à une petite fille, en complicité avec le père de cette dernière. Une autre croyance erronée, c’est  toujours la faute à la pétasse avec qui on trahi sa femme. 

Il vaut mieux être superstitieux lorsqu’on vit en Afrique ; tout ne s’explique pas selon la logique ici. La malédiction a dû faire son effet parce que le mariage a à peine duré un an et la traîtresse n’a jamais pu concevoir. Quant à mes parents, ils ont essayé de recoller les morceaux pour moi mais sans succès. C’était fini.
 Ma génitrice n’eu même pas  l’occasion de se venger, de hurler sa peine. J’étais alors devenu le reflet de mon père, le témoignage de sa souffrance. Je ne m’en souviens plus vraiment, mais je devais le ressentir parce que j’ai apparemment fait plusieurs crises (des sauts d'humeurs inexpliqués)  durant ma tendre enfance. Je ne me calmais que lorsqu’on faisait venir mon père. J’imagine que cela n’a fait que renforcer la frustration de ma mère. Comment étais je supposé le savoir ? J’avais deux ans. Le mieux qu’elle pouvait faire, était de me rendre à mon père.

 J’avais alors trois ans, et c’est ce qu’elle fit. Ce jour là, elle s’en est allé définitivement,portant une superbe jupe plissante de couleur rouge écarlate, emportant tous ces vêtements et emportant ma maman. 

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