CHAPITRE 3: Qui est cette folle?

Je me nomme Mélissa. Mélissa LOW. J’ai dix neuf ans et je suis perdue. Je suis à la quête du vrai moi et cette quête semble, en quelques points, philosophique. Je m’accroche à « ma plume » qui n’est rien d’autre que mon clavier, dans l’espoir de ne pas sombrer. Je suis pourtant brillante et ambitieuse. Je n’ai aucunement envie d’abuser de fausses modesties. Je serai crue. Je suis en troisième année de management des ressources humaines et je veux parallèlement monter une entreprise de production et de transformation d’épices.

 J’ai la volonté et l’énergie qu’il faut pour réussir. Alors pourquoi ai-je l’impression qu’il y a en moi un grand vide que je dois indispensablement combler ? Chaque matin à mon réveil, je ne trouve aucun sens à ma vie et le vide en moi ne cesse de s’agrandir. Je suis tellement en colère. Ma vie m’exaspère. Je m’énerve. J’ai envie d’autres choses. J’ai envie de vivre mais je ne sais par où commencer. Je me sens prise au piège, attachée. J’étouffe et j’ai terriblement envie de crier au secours ! Je veux respirer. C’est déjà si dur de ne pas avoir ce dont on a besoin, mais c’est encore plus pénible d’être dans l’incapacité faire ses propres choix. Faire face à tous ces obstacles est insupportable et il est affligeant de se savoir inapte à résoudre ses problèmes. Je suis trop mal ici. Je suis en ire contre cette famille qui est la mienne. J’ai un père qui ne sait pas communiquer et une mère qui a du mal à prendre ses responsabilités lorsqu’il s’agit de moi. 

J’avais trois ans et je me souviens du taxi-man qui aidait ma mère à charger ses affaires tandis-que je la regardais partir. Elle m’a dit qu’elle reviendrait, qu’elle se rendait juste au grand marché. Comme si j’ignorais qu’on ne trimbale pas ses malles avec soi au marché. Elle m’a toujours cru obtus de toute façon. Ce n’était que le premier d’une longue série de  mensonges. C’est ainsi que je me suis retrouvée en compagnie de mon père qui est devenu pour ainsi dire mon univers. Je n’ais que lui et même si je l’avais tellement de fois vu manifesté son dédain pour ma mère, je ne pouvais me résoudre à la  haïr. Durant toute mon enfance mon cœur de petite fille ne cédait guère à la haine mais disons que ma génitrice m’a un peu forcée la main en ne tenant pas ses promesses. Elle apparaissait tantôt dans ma vie, puis disparaissait aussitôt. J’avais beau la détester, chaque fois qu’elle venait me voir, j’étais comblée.

Quant à mon père, je le considérais comme le meilleur père au monde. Je le préfère nettement à ma mère, mais là n’est pas la question. Je suis juste courroucée pour l’instant. Ils n’ont pas été là lorsque j’avais besoin d’eux. J’ai traversée toute seule des difficultés dont ils n’ont aucune idée. J’ai des cicatrices si profondes que le temps n’a pu les guérir. Maintenant quand je pense à mon père, de nombreuses injustices me viennent à l’esprit.  Cependant, je lui suis reconnaissante d’avoir tant investit dans mon éducation et d’avoir pris ma garde.

Quand je pense à ma mère, je ne vois qu’une femme qui ne m’aimera jamais  autant que je l’aurais voulu. Elle préférera toujours mon frère et ce malgré ses déboires. Quand je pense à mes parents, j’ai l’impression que je n’ai pas été désirée. Tous ces ressentiments me minent. Voyez-vous ? Je ne peux que m’accrocher à « ma plume » qui n’est rien d’autre que mon clavier. Toutefois, je crois qu’il faut que je vois le verre à moitié plein. Je n’ai aucune idée de ce que c’est que d’être parents et ils ont peut être leurs raisons, aussi tordues soient elles. En plus j’ai besoin de leur argent pour fonder la base de mon « Eden », c’est la cruelle réalité. Le mieux que je puisse faire est de ne pas commettre les mêmes erreurs qu’eux. Parfois, j’ai peur de leur ressembler. La peur de l’abandon demeure. Enfant, elle se manifestait à travers des cauchemars où mon père mourrait, m’abandonnant toute seule. Maintenant, elle se manifeste toujours à travers des cauchemars mais cette fois je me retrouve à la rue, sans domicile. Dans les deux cas, je me réveille effrayée ou pire, les larmes aux yeux. Dans des moments pareils, je prie et j’écoute de la musique classique occidentale. Je trouve qu’elle est divine. A mon humble avis, si Dieu devait aimer un genre de musique en particulier, ce serait celle là (le gospel mis à part, bien sûr !). Sa complexe simplicité, sa capacité à s’emparer du cœur et à faire vivre tous genres d’émotions. Des points communs avec la house, n’est ce pas ? Il n’y a pour moi aucun doute la dessus, ce sont des musiques thérapeutiques (lorsqu’elles sont réussies). Ceci dit, elles sont bien meilleures que les médicaments. Elles n’ont pas d’effets secondaires mais agissent pourtant très vite. Elles rassurent, donnent de l’espoir, enflamment, font frissonner, pleurer et rire. La musique classique n’est pas ennuyeuse, elle captive et repose. Pour méditer et prier, j’écoute les messes de Jean-Sébastien Bach. Pour me détendre et faire le vide dans ma tête, j’écoute du Beethoven ou du Chopin. Pour étudier (les maths surtout), Tchaïkovski est un allié inestimable. A la cuisine, four seasons de Vivaldi s’impose. Que dire de Mozart ? Seuls les adjectifs funeste et captivant me viennent à l’esprit. Lorsque j’écoute clair de lune de Claude Debussy ou time to Say goodbye d’Andrea Bocelli et Sarah Brightman, je me sens si bien que rien que pour moi, en un instant, le monde s’arrête de tourner. Et mon préféré, Canon de Pachelbel. Que voulez vous ? Je suis une romantique inconditionnelle. 

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